AMO Direction artistique – SYTRAL Mobilités

 Depuis mai 2024, Maison Gutenberg accompagne SYTRAL Mobilités en tant qu’AMO Direction artistique pour la valorisation culturelle de ses réseaux de transports en commun et de son patrimoine. 


SYTRAL Mobilités engage une stratégie culturelle ambitieuse à l’échelle de son territoire d’action. Dans ce cadre, Maison Gutenberg est en charge de la direction artistique et de la coordination d’actions culturelles variées : commandes d’œuvres d’art pérennes, expositions sur les réseaux, événementiel, actions de médiation culturelle etc. 


Nous sommes accompagnés d’une équipe alliant différents champs d’expertise composée de : 

-Fanny Bannet, consultante indépendante en stratégie, programmation et développement de projets culturels 

-Paul Ardenne, agrégé d’Histoire, docteur en Histoire et Sciences de l’art, Membre de l’AICA

-France (Association Internationale de la Critique d’Art), commissaire d’exposition et auteur. 

-R-CuBE, société d’ingénierie événementielle spécialisée dans la direction technique. 


Parmi les actions menées en 2024, nous avons notamment collaboré avec la Biennale d’Art Contemporain sur la mise en place d’une exposition de l’artiste Edi Dubien à la station de métro Part-Dieu. Nous avons également mis en œuvre plusieurs propositions culturelles pour célébrer les 50 ans de la ligne C : œuvre murale et covering d’une rame de métro par les artistes Kenia Almaraz Murillo et Elliott Causse et mise en place d’une exposition sur l’histoire de la ligne C. 


Notre collaboration avec SYTRAL Mobilités sur l’ensemble de son réseau de transports en commun se poursuit en 2025 et 2026, avec notamment la mise en place d’un programme de neuf œuvres d’art pérennes dans le cadre de la création des lignes T9, T10, BHNS et l’extension de la ligne T6.

 

Crédit photos: Nanoville, Blandine Soulage

Stefan Shankland : { Accolade Lapidaire }

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Stefan Shankland
{ Accolade Lapidaire }


Béton recyclé (Marbre d’ici) teinté dans la masse, réalisé avec des matériaux inertes naturels et anthropiques provenant des carrières, gisements, industries, ateliers et chantiers du territoire de l’Arbresle, 2024


Cette œuvre s’inscrit dans le cadre du parcours artistique Les Murmures du Temps, initié par la Communauté de Communes du Pays de L’Arbresle en partenariat avec Maison Gutenberg.

 

{ Accolade Lapidaire } est une sculpture horizontale intégrée à la place de la République de l’Arbresle. Elle est composée de sept signes graphiques inspirés par sept motifs architecturaux présents dans le vieil Arbresle. Un patrimoine ordinaire et extraordinaire qui s’étend du Moyen Âge jusqu’au XXème siècle. Chacune des sept formes incrustées dans le sol de la place de la République est réalisée avec un béton recyclé teinté dans la masse. Les matériaux utilisés pour la production de ces différents éléments nous renvoient à l’histoire des interac- tions constantes qui existent depuis des millénaires entre l’activité humaine et les ressources géologiques présentes sur le territoire de l’Arbresle.L’œuvre proposée est un sol minéral ordinaire sur lequel nous marchons aujourd’hui. Si par ses formes elle renvoie à plus de mille ans d’histoire architecturale, par sa matérialité elle nous relie au temps profond, aux ères géologiques, à la diversi- té des roches et des pierres présentes dans ce territoire et dont certaines ont été façonnées il y a près de 450 millions d’années. Stefan Shankland propose ainsi de faire cohabiter l’histoire naturelle et l’histoire anthropique du territoire, de les réunir et de leur donner une place dans l’espace public.

 

L’artiste — Né en 1967 à Paris, Stefan Shankland vit et travaille à Ivry-sur-Seine et à Nantes. Il est artiste plasticien, chercheur et enseignant à L’école nationale supérieure d’architecture de Nantes (ensa Nantes). Il mène depuis près de vingt ans des projets de recherche et de création en lien avec les transformations urbaines. Il est principalement connu pour ses interventions artistiques dans l’espace public, son implication dans des projets d’économie circulaire et la conduite de recherches explorant nos représentations des mutations. Il est notamment l’auteur du “Marbre d’ici” un protocole de transformation des gravats issus des démolitions d’immeubles en un béton recyclé à haute valeur ajoutée écologique, esthétique, patrimoniale et sociale.

 

Le contexte patrimonial — La ville de L’Arbresle juxtapose plusieurs époques historiques : gallo-romaine, médiévale, Renaissance, industrielle, moderne, contemporaine. Cela se manifeste particulièrement sur le secteur de la place de la République par la présence de l’hôtel des Valous d’époque Renaissance, d’une ancienne usine de tissage ou encore du bâtiment de la médiathèque actuelle datant de la fin du XIXe siècle. Nous retrouvons parfois cette juxtapo- sition sur un même édifice, à l’image de l’ancienne mairie (au n°1 de la place) où se retrouvent plusieurs pierres utilisées à des époques différentes : calcaire à gryphées d’Apinost (Bully) et des Mollières (L’Arbresle) et calcaire jaune des Carrières de Glay (St Germain sur L’Arbresle). 

 
Crédit photos: Lionel Rault

Vahan Soghomonian : ORG MITRA

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Vahan Soghomonian
ORG MITRA


Installation sonore interactive, techniques mixtes 2024


Cette œuvre s’inscrit dans le cadre du parcours artistique Les Murmures du Temps, initié par la Communauté de Communes du Pays de L’Arbresle en partenariat avec Maison Gutenberg.

 

ORG MITRA est un instrument topographique créé pour faire chanter une autoroute et murmurer un tunnel. Considérant ce dernier comme une cavité arti- ficielle, comme des stalactites descendant du plafond, ses couleurs renvoient aux pierres dorées comme au soleil. La composition sonore est constituée d’unités musicales provenant d’une maquette sonore dont les séquences répondent à la fréquentation de l’autoroute. La composition propose également des unités de langage via des poèmes génératifs issus d’une enquête réalisée auprès des habitants du Pays de L’Arbresle. L’artiste a notamment questionné ceux qui habitent ce territoire sur le futur de l’humanité : À destination des êtres de l’an 3 356, qu’est-ce que le temps aujourd’hui, à quoi il ressemble ? L’œuvre d’art s’active par la rencontre, l’instrument est alors déclenché par les passages des marcheurs dans le tunnel. L’artiste propose ainsi une composition oraculaire, singulière à chacun.

 

L’artiste — Né à Lyon en 1982, Vahan Soghomonian vit et travaille à Lyon. Di- plômé de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence en 2008, il est membre du Laboratoire Espace Cerveau de l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne depuis 2016. Vahan construit des écosystèmes qui invitent à explorer notre imaginaire. Ses recherches procèdent par analogie, explorant la plasticité » de l’Art en son sens des mécanismes cérébraux. Ils questionnent la potentialité d’adaptabilité et d’évolution, en fonction des lieux d’où le travail se déploie, ainsi que des êtres avec qui collaborer. Il utilise pour cela la faculté de fonctionner par associations, pour mettre à l’œuvre des mécaniques inconscientes,opérant cachées, pour résister.

 

Le contexte patrimonial — Aussi appelée La Transeuropéenne, cette auto- route relie Bordeaux à Lyon, en passant par Clermont-Ferrand. Le chantier global fut titanesque, comparable à celui d’une autoroute de montagne : trois tunnels, huit viaducs et cinq échangeurs. Le projet a été lancé en 1991 dans le but de désenclaver le centre de la France. Le dernier tronçon de l’A89 qui dessert le Pays de L’Arbresle est long de cinquante kilomètres et a été mis en service en 2013. Localement, l’autoroute répond à un besoin de rapprochement avec les grandes villes voisines. C’est un lien direct vers l’extérieur du territoire, favorisant son attractivité et son développement économique. Cependant l’autoroute amène aussi son lot de conséquences écologiques : altération des habitats naturels, fragmentation spatiale des écosystèmes, rejet de CO2.

 
 
Crédit photos: Lionel Rault

Didier Marcel : La Colonne Dorée

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Didier Marcel
La colonne dorée


Résine polyester, fibres naturelles, structure métallique 2024 


Cette œuvre s’inscrit dans le cadre du parcours artistique Les Murmures du Temps, initié par la Communauté de Communes du Pays de L’Arbresle en partenariat avec Maison Gutenberg.

 

La colonne dorée est à la fois une borne marquant l’orée de la forêt et un monument agricole. La sculpture est composée de moulages de bottes de paille empilés qui font écho par leur éclat à la pierre dorée locale. La culture de la parcelle et le rythme des saisons contribuent pleinement aux variations de cette œuvre. La colonne dorée se réfère par son architectonique à l’ordre industriel inventé par Claude-Nicolas Ledoux, architecte visionnaire du siècle des Lumières. Un travail marqué par l’articulation entre les forces de la nature et le génie organisateur de l’Homme. L’œuvre se situe également à quelques lieues du couvent Sainte-Marie de La Tourette édifié par Le Corbusier, autre architecte novateur, fondateur du mouvement moderne. Le XVIIIème siècle de Ledoux inaugure l’évolution progressiste des sociétés occidentales qui se propage notamment à travers le modernisme. Le siècle actuel constitue quant à lui un point d’acmé technologique, empreint de désillusions et de doutes quant au monde d’après.

 

L’artiste — Né en 1961, Didier Marcel vit et travaille à Dijon. Son œuvre est présente dans les collections publiques du Centre Georges Pompidou (Paris), du Musée d’Israël (Jérusalem), du Nouveau Musée National de Monaco, du Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, ou encore du MAMCO Genève. Il travaille la sculpture à grande échelle dans l’espace public qui aborde des méthodes de travail collectives liées à l’utilisation de technologies industrielles, où la question du local s’impose comme une réponse au global. Les formes qui composent ses sculptures sont obtenues par des moulages d’éléments naturels qui sont comme «déréalisées» par une somme d’opérations telles que cadrage, flocage des surfaces, redressement au mur ou mise en hauteur.

 

Le contexte patrimonial — Ce secteur est un exemple de la cohabitation complexe entre les activités humaines et la préservation des écosystèmes. Sur 95 ha, le site est classé Espace Naturel Sensible en raison de la variété de sa faune et de sa flore. Les anciennes carrières de Glay abritent de nombreuses espèces de chauves-souris ainsi que des plantes caractéristiques des pelouses sèches ou des éboulis. Le bois des Oncins présente divers milieux forestiers, du fourré arbustif calcicole à la chênaie-charmaie. La zone est par ailleurs traversée par différents flux d’énergie et de transport : une ligne électrique aérienne très haute tension, une canalisation de transport de gaz haute pression, l’autoroute A89, sans oublier la fréquentation croissante des promeneurs et des visiteurs sur le Géosite des Carrières de Glay

 
 
Crédit photos: Lionel Rault

Julie Escoffier (Duo Evernia) : Géo-Empathie

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Julie Escoffier (Duo Evernia)
Géo-Empathie


Mortier sculpté, acier, métal martelé et patine aux sels de cuivre, stèle en pierre dorée 2024

 

Géo-Empathie met en scène les interactions du vivant au cœur de l’activité viticole et propose de porter attention à la préservation des sols. Pensée comme une ode au travail de la vigne, la sculpture se construit dans le temps, avec les éléments et en collaboration avec le vivant. La partie supérieure sert de réceptacle pour les eaux de pluie mais aussi pour réaliser des offrandes de vin, dites “libations”. Ces liquides orientés vers la stèle se chargent en sels de cuivre, sculptent et colorent progressivement la pierre calcaire. En articulant l’art et la science, cette œuvre s’intéresse à l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Elle souligne l’acidité des eaux de pluie lyonnaises, questionne les différentes pratiques de traitement de la vigne et cherche à provoquer par la réactualisation d’un rituel ancestral : empathie, par- tage et harmonie. Des transformations d’ordre chimiques, physiques et biologiques sont ainsi à l’œuvre dans cette sculpture évolutive, faisant plus largement écho au territoire naturel, culturel et industriel du Pays de L’Arbresle.

 

L’artiste — Née en 1989, l’artiste Julie Escoffier vit et travaille dans la région lyon- naise. Diplômée de l’ENSBA-Lyon en 2013, elle a suivi un post-diplôme à l’ENPEG à Mexico en 2014. Pour la conception de cette sculpture, la plasticienne a collaboré avec Héloïse Thouément (1989, Rennes), ingénieure en chimie et en environnement (PhD, TU Delft), spécialisée dans l’étude des pollutions environnementales. Ce duo nommé Evernia s’intéresse à divers mécanismes de dégradation ou d’évolution, tout en enquêtant sur leurs causes et en proposant, sur la base d’un dialogue entre l’art et la science, une interprétation. Leur collaboration prend la forme de conférences, expositions, médiations, performances ou publications, tout en s’appuyant sur des recherches et des expérimentations variées.

Remerciements : Le domaine de Rotisson pour l’accueil de la sculpture sur leur parcelle. La société Biomède pour les sels de cuivre (obtenus via la technique de phy- toremédiation).

 

Le contexte patrimonial — La vigne est partout, petites ou grandes parcelles habillent le pied des villages et les flancs des coteaux. Le territoire est au confluent de deux appellations : Beaujolais et Coteaux du Lyonnais. La réputation de la première n’est plus à prouver, quant à la seconde, elle connaît une renommée croissante au niveau national. Ce succès grandissant tient notamment à l’émergence d’une nouvelle génération de vignerons. Depuis 1938, cinq communes du Pays de L’Arbresle dont Saint-Germain-Nuelles, sont rattachées à la zone d’appellation contrôlée Beaujolais. Elles forment en quelque sorte l’entrée sud du vignoble beaujolais, et produisent sur des sols essentiellement argilo-calcaires. Les cépages utilisés sont le Gamay noir pour le rouge et le Chardonnay pour le blanc.

 
Crédit photos: Lionel Rault

Laurent Pernot : Le Grand Rocher

Laurent Pernot,
Le grand rocher
Laurent Pernot

Le grand rocher

Mortier sculpté, béton, acier, bronze, terre, plantes 2024

 


Cette œuvre s’inscrit dans le cadre du parcours artistique Les Murmures du Temps, initié par la Communauté de Communes du Pays de L’Arbresle en partenariat avec Maison Gutenberg.

 

Le grand rocher est une œuvre imaginée spécifiquement pour le site du Val des Chenevières. Façonnée par des conditions météorologiques parfois ex- trêmes depuis plusieurs siècles, la nature a ici éprouvé des événements qui ont marqué la mémoire des habitants ; les rivières de la Brévenne et de la Turdine ont débordé à plusieurs reprises, provoquant de terribles ravages sur les communes du Pays de L’Arbresle. Au cœur de cet environnement, Laurent Pernot propose une sculpture qui s’apparente à un grand monument rocheux dont l’aspect reflète la richesse géologique de la région, et dont la silhouette, suggérant une érosion par les eaux, manifeste une fragilité indéniable. Autour de la rivière, l’artiste s’est ainsi attaché à retranscrire les crues qui ont marqué le territoire tout en abordant plus largement la notion de métamorphose dans la nature. Au sommet de la pièce centrale, la présence d’un enfant et d’une végétation naturelle évoque la vulnérabilité de l’humain face à un monde en pleine mutation ; la figure juvénile symbolise l’espoir d’un renouveau porté par les nouvelles générations.

 

L’artiste — Né en 1980, diplômé de l’Université Paris VIII puis du Fresnoy – Stu- dio national des arts contemporains, Laurent Pernot développe « une pratique polymorphe qui explore la condition humaine à travers le temps, le langage et la nature. » Contemplatives ou méditatives, discrètes ou monumentales, ses œuvres manifestent souvent une atemporalité, interrogent les paradoxes inhérents à la mémoire et au vivant, et s’intéressent à des sujets qui transcendent les âges et les civilisations. Ses recherches empruntent à l’histoire, à la philosophie et à la poésie.

 

Le contexte patrimonial — Le bassin versant Brévenne-Turdine s’étend sur une superficie de 440 km2. C’est un secteur historiquement très touché par les inondations, des textes d’archives témoignent de crues datant de l’an 1196. Au cours des dernières décennies, le territoire a connu plusieurs inondations, la dernière datant du 22 novembre 2016. Au Val des Chènevières, un poteau indique les hauteurs des dernières crues avant l’aménagement, soit plus de 2 m au-dessus de l’actuel niveau d’eau. Pour affronter ces problématiques, le Syndicat de Rivières Brévenne et Turdine (SYRIBT) a été créé en 2006. En 2012, un Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) a été approuvé sur le territoire Brévenne-Turdine et permet de réglementer la gestion de l’urbanisme en fonction du risque d’inondation.

 
Crédit photos: Lionel Rault

Amandine Guruceaga : Passage Tissage

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Amandine Guruceaga
Passage Tissage


Métaux divers, 2024

 

Cette œuvre s’inscrit dans le cadre du parcours artistique Les Murmures du Temps, initié par la Communauté de Communes du Pays de L’Arbresle en partenariat avec Maison Gutenberg.

Passage Tissage est une invitation à suivre le fil de l’histoire naturelle, rurale et industrielle du Pays de L’Arbresle, rendant notamment hommage à l’ère du tissage sur ce territoire. Par l’entrelacement et le maillage de matières métal- liques, l’œuvre évoque les enclos destinés au bétail, premiers éléments tissés par l’humanité. Les piquets entourés de feuillards dorés font quant à eux référence à l’ancienne usine arbresloise “Les Fils d’Aimé Fichet», réputée pour sa fabrication de fil d’or. Cette sculpture, tel un cheminement linéaire à parcourir, agit comme une clôture agricole, elle dessine et structure la campagne environnante. À travers son œuvre, l’artiste questionne ainsi la transformation du paysage par l’agriculture et cherche à tisser des liens entre les époques, célébrant l’héritage et l’identité ancestrale du Pays de L’Arbresle.

 

L’artiste — Née en 1989, Amandine Guruceaga vit et travaille à Marseille. Elle est diplômée de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Marseille en 2013. Alchimiste de la matière, Amandine Guruceaga transcende les matériaux ordinaires pour les transformer en témoignages fragiles du monde qui nous entoure. Toujours en résonance avec l’histoire et le contexte local dans lequel elle s’établit, l’artiste interroge les notions de mutabilité, de précarité et de résilience. Dans ses œuvres, elle nous convie à une exploration sensorielle, à la découverte de la beauté et de la complexité des surfaces, ces interfaces entre le visible et l’invi- sible, l’organique et l’inorganique.

 

Le contexte patrimonial — L’industrie textile a durablement marqué les campagnes autour de Lyon. Au Moyen-Age, le Beaujolais et Le Lyonnais tissent la laine et le chanvre, puis le coton au XVIIIème siècle. Le tissage de la soie (particulièrement du velours), d’abord cantonné à Lyon, se délocalise au début du XIXème siècle dans les campagnes où les fabricants lyonnais trouvent une main d’œuvre expérimentée mais plus docile et moins chère. Vers 1850 les premières usines-internats apparaissent dans la région de L’Arbresle et emploient une main-d’œuvre rurale essentiellement féminine. A partir de 1890 apparaissent les métiers mécaniques mus par la vapeur puis par l’électricité. Alternant les périodes de prospérité et de crises, le tissage fera vivre la région jusque dans les années 1960.

 
Crédit photos: Lionel Rault

Caroline Le Méhauté : Négociation 147 – Intimité du visible

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Caroline Le Méhauté
Négociation 147 – Intimité du visible 

 

Verre feuilleté, poudre de roche, liant acrylique et béton. 2024 

 

Cette œuvre s’inscrit dans le cadre du parcours artistique Les Murmures du Temps, initié par la Communauté de Communes du Pays de L’Arbresle en partenariat avec Maison Gutenberg.

 

L’œuvre met en avant les relations étroites qu’entretiennent le minéral et le vivant. La roche, support matriciel du vivant, contient les minéraux indispensables à son évolution. Le Pays de L’Arbresle témoigne de cette relation et constitue une véritable mosaïque géologique. L’œuvre se déploie en cinq grands verres dans lesquels sont intégrées des images de roches et de minéraux caractéristiques du gisement des mines de Sain-Bel. La pyrite de fer et de cuivre qui a fait l’objet d’une extraction durant plusieurs siècles, est ici accompagnée des quatre autres roches présentent dans ce gisement : le basalte, le granite, le gneiss et la rhyolite. Comme extraite du sol, l’œuvre déploie la cartographie intérieure de ces roches. Les images ont été réalisées à partir des roches échantillonnées sur le territoire, puis analysées au microscope polarisant. L’extraction minière a entraîné une pollution des sols en acide et métaux lourds. En parallèle de cette œuvre, Caroline Le Méhauté a mis en œuvre un acte performatif visant à restaurer les sols par des plantes via la technique de la phytoremédiation. À proximité immédiate des anciennes mines de Sain-Bel, Caroline a ainsi mené un chantier participatif de plantation. Cette technique d’extraction des polluants par les plantes améliore la qualité des sols, attire les pollinisateurs et favorise la biodiversité. Cinquante ans après leur fermeture, l’histoire des mines de Sain-Bel évolue. 

 

L’artiste — Née en 1982, Caroline Le Méhauté vit à Toulouse et Bruxelles. Elle est diplômée de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Marseille ainsi que d’une Maîtrise en Arts-Plastiques de l’université Toulouse Jean-Jaurès. Empreintes des lois de la nature, les formes poétiques de Caroline Le Méhauté interrogent notre rapport au monde. Ses œuvres mettent en perspective l’impact que nos interrogations intimes et universelles peuvent avoir sur nous et notre rapport à l’autre.

 

Le contexte patrimonial — Sain-Bel conserve des témoignages de deux périodes fastes de son histoire. Sur leurs promontoires, le château de Montbloy, construit vers 1190, et l’ancienne église romane évoquent la cité médiévale et la place forte de l’abbaye bénédictine située tout proche à Savigny. Dans le vieux bourg subsistent les souvenirs de la cité industrielle et commerciale des XVIIIème et XIXème siècles : hôtels, moulin, usine de tissage et tannerie disparues… Les vestiges des anciennes fonderies rappellent l’exploitation des gisements de pyrite dans les communes voisines de St Pierre la Palud, Sourcieux et Chevinay, connus sous le nom de « Mines de Sain-Bel », du XVe au XIXe siècles.

 
Crédit photos: Lionel Rault

L’Été Marseillais 2024

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Depuis 2020, la Ville de Marseille déploie chaque été une politique ambitieuse visant à garantir un accès équitable aux loisirs, à la culture et aux sports pour tous les habitants, à travers le programme et festival:
« L’Été marseillais ».

 

Cette initiative propose des activités culturelles ouvertes à tous sur l’ensemble du territoire, avec des aménagements spécifiques, tels que la piétonnisation du Quai du Vieux Port.

 

Pour son édition 2024, organisée dans le contexte de l’accueil des Jeux Olympiques, la municipalité a intensifié cette démarche en collaborant avec l’agence BPM et Maison Gutenberg. Ensemble, nous avons travaillé à la programmation et à la coordination de cet événement culturel et estival.

 

Nous avons proposé une programmation culturelle variée alliant concerts éclectiques sur la scène flottante du Vieux-Port, spectacles pour le jeune public dans les parcs, soirées thématiques (stand-up, danse, cirque) et cartes blanches à des collectifs marseillais dans les musées de la ville. Sur la scène flottante du Vieux-Port, de grands noms se sont succédé. Des ateliers de médiation artistique et la mise à disposition de bibliothèques numériques ont complété cette offre inclusive, tandis que 83 représentations artistiques, ont célébré la diversité culturelle et attiré un large public.

 

Cette édition a mis en lumière les valeurs de Marseille – diversité culturelle, hospitalité et ouverture – dans une démarche inclusive et respectueuse du développement durable. Le thème artistique, « Marseille, Cœur de Méditerranée », incarnait cet esprit en renforçant les liens avec Oran, Barcelone, Athènes, Le Caire, Beyrouth, Naples et Tanger. La programmation a valorisé les artistes et structures locales tout en accentuant le rayonnement international de la ville. 

 
Crédit photos: Ville de Marseille

Rencontre avec Kenia Almaraz Murillo et Elliott Causse

Kenia Almaraz Murillo et Eliott Causse, pour Maison Gutenberg
Kenia Almaraz Murillo et Eliott Causse, pour Maison Gutenberg et SYTRAL Mobilités
Kenia Almaraz Murillo et Eliott Causse, pour Maison Gutenberg et SYTRAL Mobilités

Kenia Almaraz Murillo et Elliott Causse © Nano Ville

 

Quand l’art contemporain dialogue avec l’urbanité et la tradition


En ce mois de décembre 2024, le métro lyonnais célèbre les 50 ans de mise en service du premier tronçon de la ligne C. SYTRAL Mobilités, en partenariat avec Maison Gutenberg, déploie plusieurs propositions culturelles et artistiques pour fêter cet anniversaire. Parmi celles-ci, les artistes Kenia Almaraz Murillo et Elliott Causse ont été invités à réaliser une œuvre d’art murale à la station Hôtel-de-Ville et un habillage artistique d’une rame de métro.


Kenia Almaraz Murillo et Elliott Causse, deux artistes diplômés des Beaux-Arts de Paris, fusionnent depuis 10 ans leurs univers dans des créations In situ mêlant géométrie, couleurs andines et dynamisme urbain. Dans des fresques murales pétries de symboles et de réflexions sur les flux humains et énergétiques, leur collaboration explore les frontières entre tradition textile et modernité architecturale. Cette année dans le cadre des 50 ans de la ligne C, le binôme intervient à Lyon avec un projet qui tisse des liens uniques entre l’histoire, le mouvement, et l’urbanisme. Rencontre croisée avec les artistes.


Louise GrossenVos univers artistiques dialoguent ponctuellement depuis dix ans. Que représente ce projet de fresque dans le métro lyonnais pour vous ?

 

Kenia Almaraz Murillo — Ce projet est un aboutissement. On s’est toujours dit qu’il serait incroyable d’intervenir dans un métro à deux, c’est une réflexion que l’on mène depuis longtemps. En discutant du projet avec les équipes, on s’est rendu compte de l’évidence et de la symbolique. Évidemment, le rapport au patrimoine des tisserands, au fil, qui est central à mon travail, mêlé à l’idée des flux, des réseaux, des cartographies, et à l’univers du transport qui entourent le travail d’Elliott.


Elliott Causse — On a fait beaucoup de fresques entre la Bolivie, où est née Kenia, et la France. J’avais aussi créé dans un métro en 2015 à Kyoto. J’étais invité par Tadashi Kawamata, qui m’a beaucoup apporté et qui a accompagné un virage décisif dans mon travail lié aux flux. Dix ans plus tard, on se retrouve à créer dans un métro français !


Elliott, le monde du graffiti duquel vous venez, a glissé naturellement vers celui de l’urbanisme, pourquoi ?

 

Elliott : Le livre City of Quartz de Mike Davis sur l’urbanisme à Los Angeles a été crucial. Comment l’urbanisme a été pensé pour gérer la gestion des foules, les déplacements urbains… Il y a des choses qui font échos au graffiti : la notion du déplacement dans la ville quand tu graffes, la cartographie, un geste d’écriture aussi. J’aime documenter les déplacements d’énergie, d’électricité, la plomberie m’influence aussi.


Le travail du tissage de Kenia et les créations murales d’Elliott semblent fusionner naturellement alors même que ces deux disciplines semblent plutôt éloignées…


Kenia : Elliott m’invite dans son univers de l’immersion in situ, de la peinture murale, de l’espace au niveau architectural, mental. Je sors un peu de ce rapport au métier à tisser plus contemplatif. Il y a un travail assez logistique de géométrie, de symétrie, et en même temps, un côté organique et coloré. Les couleurs vives viennent de mon univers du textile andin, des communautés boliviennes.


La technique du tissage vous a été transmise en France.

 

Kenia — J’ai été formée par l’artiste contemporaine Simone Prouvé. C’était fort comme rencontre parce que outre l’apprentissage, la transmission, elle a permis aussi de réactiver, de l’autre bout du monde, mes racines traditionnelles et familiales du tissage. Face au fil, tu as besoin de mettre de l’ordre. Il faut faire une balance entre lignes verticales et horizontales, il y a une sorte de concentration constante qui fait que tu oublies l’espace-temps. Puis je me suis prise d’obsession pour les couleurs et la géométrie du textile andin. Il y a toujours un horizon coloré avec une trame. Ici, je viens travailler à la brosse pour créer des sortes de vibrations, des fréquences. J’ai accentué un motif qui fait écho à la crémaillère particulière de la ligne C. Pour les couleurs, on retrouve le rouge de manière assez évidente sur mon travail, puis le bleu, et là, on travaille sur l’orange un peu électrique en écho aux anciennes couleurs du métro.


Le processus créatif de cette fresque rappelle la structure du palimpseste avec son empilement de lignes et de significations…

 

Elliott — On a posé la ligne horizontale avant l’arrivée de l’orange. Les deux lignes rouges renvoient aux rails. Kenia apporte une sorte de rythme cinétique par son geste, un peu comme s’il y avait des fils.

 

Kenia — Oui, une écriture. J’ai un rapport aux lignes horizontales. Je pose cette ligne comme une sorte de colonne vertébrale. Ensuite, Eliott apporte l’énergie verticale et des flux, on tisse la ligne pour écrire une sorte de langage abstrait, à la fois géométrique, contrôlé, mais en même temps futuriste et en écho aux fréquences de la lumière… On a une philosophie de création In situ qui s’adapte énormément au lieu qui est donné, à l’énergie qui se dégage des espaces.

Vous travaillez les lignes à main levée, ce qui nécessite un contrôle de la respiration, du corps. Et puis, il faut faire vite : pour cette fresque, vous devez travailler de nuit, sur les quelques heures où le métro ne circule pas.

 

Elliott — C’est une chose qui me restait du graffiti, le hand style, sorte de calligraphie aussi. Tu libères une énergie comme dans le sport. Tu te mets en condition où tu vas donner le meilleur de toi-même pendant 10 secondes. En termes de gainage physique, quand tu es sur un escabeau, il faut être en contrôle total. Mais avant d’arriver à ce geste-là, il y a tout un processus d’installation à mettre en place, puis le geste doit être précis, efficace, avant que le métro redémarre.

 

C’est aussi une façon de remettre le geste humain au centre, à l’heure où la technologie seconde de plus en plus le geste artistique ?

 

Elliott — J’ai l’impression que les gens sont parfois lassés du côté IA, robotique de l’art… Il y aurait sûrement une manière plus précise de tracer ma ligne, mais j’aime qu’il reste le geste et la vibration imprévisible de la main pour ce que l’on veut raconter.

 

Kenia — C’est une histoire de dosage. C’est l’excès qui peut faire peur. Il ne faut pas oublier la notion principale qui est de juste exister en harmonie avec ce que l’on trouve autour. Dans le tissage, il y deux énergies contradictoires entre ce que la terre donne, et ce que l’homme crée.


Vous adaptez le geste à l’histoire du lieu qui accueille votre travail.

 

Kenia — Chaque geste, même s’il est répétitif, a son propre ADN. Ça crée une sorte d’alchimie sur place. C’est fascinant comme Elliott n’a pas peur de l’espace, au contraire, il l’embrasse. Moi, dans un espace, je vais m’attacher au rapport énergétique. Quelle est l’histoire du lieu ? De quoi l’endroit est-il imprégné ?

 

Vous évoquiez le rapport cinétique. Comment intervient-il dans cette proposition artistique ? Qu’attendez-vous des passants dans leur interprétation ?

 

Kenia — Ce qu’on souhaite avant tout, c’est que les personnes se sentent bien accompagnées. C’est un espace public, on offre une petite pause ludique dans le déplacement, sans prise de tête. Il y a toujours un rapport cinétique : quand on se déplace, les lignes bougent forcément par le changement de perspective. Dans le métro, il y a un lien direct avec le flux, ça nous suffit d’être dans ce rapport-là assez simple avec les gens. Si l’envie leur prend ensuite de creuser notre travail et d’ouvrir les pistes de lecture, libre à eux.


Elliott — On a vocation à décloisonner les pratiques, à se rapprocher de l’urbanisme et de l’architecture qui inversement peuvent avoir des aspects artistiques. Dire qu’il y a les artistes qui font les tableaux dans les ateliers et qu’il y a les architectes qui font les bâtiments, c’est une réflexion peu porteuse de positivité. Il y a plein d’artistes qui  s’épanouissent dans des espaces publics. La société a énormément d’entrées pour faire de l’art.

 

Vous semblez très sensibles à la responsabilité qu’implique la création dans l’espace public. 

 

Kenia — Oui, il y a une responsabilité de ne pas laisser sa psyché d’artiste… torturée ! Créer un objet qui soit porteur de bonnes énergies pour le grand public. Il peut exister une forme de chaos dans la construction, la destruction constante. Mais notre propos personnel, c’est avant tout de partager une bienveillance à travers les lignes pour tranquillement se laisser embrasser.

 

— Interview réalisée par Louise Grossen pour Maison Gutenberg